A méditer

À ceux qui disent “mais tu dors à la caserne”…. Que nous travaillons seulement 2 ou 3 jours par semaine… Que nous nous faisons plein de fric. Vous n’avez aucune idée de la douleur que je porte ainsi que pas mal de mes collègues…

Ou les souvenirs qui me hantent. Je blague sur le boulot régulièrement oui mais vous devriez être heureux que je ne partage pas les douleurs de ceux qui les portent. Dormir à la caserne? Oui mais avez vous pensé un seul instant que nous ne dormons pas sans arrêts? Pouvez-vous comprendre qu’on nous appelle à tous moments de la nuit et ce plusieurs fois par nuit?

Comprenez-vous que les jours qui suivent nous sommes fatigués et que l’on récupère parfois à peine avant de recommencer 24 heures de garde à la caserne? Dormir à la caserne ? Oui, mais avez-vous déjà imaginé les moments d’une dame qui parle à son mari de 60 ans qui est maintenant mort et pour qui nous n’avons rien pu faire?

Pouvez-vous vous imaginer essayer de réanimer une fille de 14 ans devant ses parents qui s’en pendue, ne pas y arriver au bout de plus d’une heure trente et que c’est finalement le papa qui vous demande d’arrêter? Ou pouvez-vous imaginer quand on est assis pour un repas en utilisant les mêmes mains qui ont tenu un bébé mort il y a quelques instants?

Arriver sur un accident où un jeune habitant pas loin de chez vous a été éjecté et se trouve dans le coma? Pouvez-vous comprendre que nous faisons autant d’heure que vous mais indépendamment des jours normaux, fériés, week-end et fêtes de fin d’année comprises ? Comprenez-vous que nous sommes loin de nos familles pour aider le citoyen quel que soit le temps, l’instant ou l’endroit du sinistre?

Imaginez-vous que régulièrement nos enfants souhaitent jouer avec nous, que l’on s’occupe d’eux après tant d’absences et que la fatigue ne nous le permet pas? Imaginez-vous que peut-être demain mes enfants m’attendront et que je ne reviendrai jamais?

Alors la prochaine fois que vous penserez ces choses en me voyant ou mon collègue ou ma collègue (gendarme, police, pompiers, ambulancier, infirmier, calltaker…) et en comparant nos vies, imaginez vous que la prochaine fois ce sera peut être votre fils, votre fille, vos parents, votre épouse pour lequel au beau milieu de la nuit nous nous lèverons et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les sauver ou simplement les ramener à un bon endroit car ils auront trop bu!

(Hittelet Jean-Claude)

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